Mes techniques préférées

Quand je donne des cours de tricot, quelques interrogations reviennent souvent : “mes montages ou rabattages sont trop serrés” “il y a un trou au coin du talon de ma chaussette” “comment est-ce que je bloque mon tricot”… Je dois avouer que quand on me demande ces petits trucs et astuces, c’est mon moment préféré du cours. On sort du thème et là j’ai plus qu’à n’importe quel autre moment l’impression de transmettre quelque chose de personnel. Certes, on trouve toutes ces techniques dans les livres ou sur le net, mais il en existe plein et je peux à ce moment livrer mes favorites, et rien ne vaut une bonne discussion ou démonstration autour d’une table.

Comme j’ai du lever le pied sur les cours de tricot cette année, je me suis dit que je pourrais essayer de partager ici mes conseils. Certaines des techniques à propos desquelles je vais écrire sont disponibles en fiches ici que je joins en général à mes patrons et je vais juste vous dire un petit mot sur Amandine qui leur a donné forme : quand j’ai démarré, je les dessinais moi-même (dessiner est un bien grand mot pour ce que je produisais, voir ci dessous), puis j’ai rencontré Amandine et son travail fabuleux, et dans un soucis de ne plus avoir honte de mes fiches tricot je lui ai passé commande. C’en est suivie une belle amitié et un bureau commun, mais revenons à nos moutons.

Mes bonnes vieilles fiches faites maison…

Mes bonnes vieilles fiches faites maison…

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N’hésitez pas à partager en commentaire vos méthodes préférées, et si vous voulez connaitre mes méthodes préférées sur des sujets que je n’ai pas abordés je mettrai l’article à jour.

Mes montages préférés

De loin, de très loin même, mon montage préféré est le “alternate cable cast-on”. Le nom est barbare, mais c’est celui que j’apprends même aux débutants lors de leur premier cours de tricot. Ce montage extraordinaire s’applique aux tricots qui démarrent en côtes 1 x 1 ou 2 x 2, c’est à dire à une grande majorité d’entre aux. Je l’aime car il est beau : le tricot démarre directement en côtes, il n’y a pas le petit bord en chaînette qu’on retrouve avec un long-tail cast-on. Il est bien élastique, on n’a pas à calculer à l’avance combien de laine on va utiliser et pour un résultat quasi similaire il est à peu près 513 fois moins pénible à faire qu’un tubular cast-on, technique que je trouve bien trop laborieuse pour pas grand chose.
Je vous joins la fiche technique, elle est illustrée pour les côtes 1 x 1, et voici comment l’appliquer pour les côtes 2 x 2 : faites votre rang montage en côtes 1 x 1. Après ce rang de montage, on aura donc une alternance d’une maille 1 de montage endroit , une maille 2 de montage envers, une maille 3 de montage endroit, une maille 4 de montage envers. Au moment du premier rang de tricot, on va transformer ces côtes 1 x 1 en côtes 2 x 2 : il suffit de tricoter la maille 1 à l’endroit, on passe par dessus la maille 2 (qui est une maille envers) on tricote la maille 3 à l’endroit, puis on tricote la maille 2 à l’envers, puis la maille 4 à l’envers. En gros, on tricote les mailles 2 et 3 croisées, comme quand on fait une maille croisée normale. On répète l’opération sur tout le rang, on obtient donc une alternance de 2 mailles endroit et de 2 mailles envers.

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Pour les chaussettes en toe-up (pour les chaussettes en cuff-down j’utilise l’alternate cable cast-on), mon cœur balance… J’aime beaucoup le Turkish cast-on, que je trouve assez magique et extrêmement jubilatoire à tricoter, mais depuis quelques temps j’aime bien les monter avec le Pin hole cast-on (ça veut dire trou d’épingle, je vous ai entendu ricaner bande de coquins) pour un bout de pied plus arrondi. Je n’ai pas (encore) de fiche technique pour ça, mais il y a moult tutoriels sur internet.

 
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Pour remonter des mailles en cours de route (pour des dessous de bras quand on est en top-down ou les boutonnières par exemple) j’utilise tout simplement la méthode de la “boucle twistée” (nom non officiel), c’est à dire que je crée une boucle autour de mon pouce et que je la mets torse sur mon aiguille (Gaëlle vous explique ça bien mieux que moi dans cette video)

 
 

Mes rabattages préférés

Mon rabattage préféré numéro 1, je ne connais pas son nom alors Amandine et moi l’avons intitulé pour la fiche “rabattage élastique en côtes”. C’est l'exact symétrique de l’alternate cable cast-on, qui permet de rabattre tout en suivant le dessin des côtes et qui est bien élastique, d’où le nom que nous lui avons donné… Et comme le montage, ce rabattage est très simple à réaliser pour un résultat de finition assez parfait. La fiche est également rédigée pour les côtes 1 x 1 mais la méthode fonctionne très bien pour toutes les autres côtes, du moment qu’on tricote bien les mailles endroit à l’envers et les mailles envers à l’endroit.

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Je suis parfois bien contente d’utiliser le “Jenny’s surprisingly stretchy bind-off”, méthode pour laquelle je ne peux joindre de fiche car la première personne à l’expliquer l’a déposé… Les designers ont donc le droit de le mentionner dans leur patron mais pas de l’expliquer. Cette méthode est très simple et assez magique pour les tricots récalcitrants, tels les cols roulés ou les côtes de chaussettes dans lesquels “ça passe pas”. Un coup de JSSBO et on y passerait un ballon de foot. L’inconvénient c’est que non portée, la bordure fait un peu chou-fleur. Mais normalement une fois porté et donc étiré c’est joli.

Le rabattage à 3 aiguilles, qui permet de rabattre tout en assemblant 2 parties ! J’adore cette technique que je trouve très satisfaisante à réaliser et je l’ai même utilisée dans le patron du Daisy pour assembler les manches sans avoir à les coudre, c’est propre net et sans bavure.

Mes rangs raccourcis préférés

Sans aucun doute, les rangs raccourcis à l’Allemande. Je ne vois pas pourquoi chercher plus loin, c’est simple et quasi invisible, on tourne, on tire et c’est réglé. Il existe plein de méthodes très sophistiquées, je n’y vois personnellement pas d’intérêt la vie est déjà bien assez compliquée pour s’en rajouter une couche avec les rangs raccourcis.

 
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Ma technique de chaussettes préférée

La flemmarde en moi a envie de répondre “toe-up et talons en rangs raccourcis” mais l’option “toe-up avec talons à goussets“ me titille plus les aiguilles.

Pause : je suis incapable de nommer correctement toutes les sortes de talon. Talons ronds, à goussets, Dutch heel, French heel, flat heel, je m’y perds… J’appelle donc “talons à goussets” ceux qui se tricotent en 3 parties : les augmentations du cou de pied, les rangs raccourcis pour tourner le talon puis les diminutions.

L’avantage avec les talons en rangs raccourcis, c’est qu’on a pas à anticiper ni sur les mesures ni sur les motifs le cas échéant. En revanche le rendu est un peu moins “travaillé” que ce qu’on peut obtenir avec un talon à goussets. Et petit truc pour éviter le trou au coin du talon : ne faites pas la dernière paire de rangs raccourcis, arrêtez vous après avoir réintégré toutes les mailles de talon moins 1 et repartez en rond pour tricoter votre cheville (ou votre cou de pied selon le sens dans lequel vous êtes parti).

Le talon à gousset est un peu plus technique, mais je le trouve plus satisfaisant à travailler.

Comment je bloque mes tricots

Question qui revient très souvent : est-ce obligatoire de bloquer ses tricots ? Réponse : absolument pas, d’ailleurs ce qui est bien c’est qu’en tricot rien n’est obligatoire, c’est un hobby pour se faire plaisir. Je ne bloque jamais les mohairs par exemple. Selon le type de laine et le type d’ouvrage, c’est plus ou moins conseillé. Un châle sera toujours plus majestueux bloqué et mis en forme, il va prendre toute son ampleur et s’aplatir.

Les laines un peu “rustiques” sont généralement métamorphosées après le bloquage. Elles gonflent, sortent leurs poils et s’adoucissent. Je bloque quasiment tous les tricots qui ne sont pas mohair car de manière générale le point se régularise et la laine gonfle un peu.

Pour bloquer, je fais tremper le tricot 20 à 30 minutes tout seul dans sa bassine pour ne pas avoir de surprise de couleur qui dégorge (sauf quand je l’oublie une demie journée, ça m’arrive fréquemment…) puis je sèche en roulant dans une serviette. Avant j’essorais tout à la machine, mais j’ai changé de machine et depuis elle me feutre tout. Ensuite je fais sécher bien à plat sur ma moquette, si besoin j’épingle ou je mets des tiges de blocage (comme de grands fils de fer) pour les châles ou les boutonnières.

Comment je fais mon échantillon

Sujet épineux, et je vous dois la vérité : Tricotus le dieu du tricot aime nous mettre à l’épreuve et votre échantillon sur un petit carré ne correspondra jamais à votre échantillon sur le tricot fini. Jamais. Ce que je fais, c’est que je tricote un carré d’à peu près 20 x 20 cm, et que je mesure mes 10 x 10 dans le milieu. J’utilise la méthode expliquée par E.Z., je place une règle rigide, je pique une épingle à 0 et une à 10 cm, j’enlève la règle et je compte combien de mailles ou de rangs j’ai entre les deux. Mais malgré ça je trouverai toujours un écart de minimum une maille par rapport à ce que j’avais calculé car Tricotus est facétieux.

Voici ce qui se passe en général, attention, voici la vérité sur mes échantillons : je fais le “petit échantillon” pour me donner une idée et choisir ma taille d’aiguilles, je commence mon pull, au bout de 20 cm de pull je mesure, je défais et je refais en prenant en compte mon échantillon sur le premier essai de pull. Sad but true.

Voilà pour les techniques qui me servent au quotidien, encore une fois cet article est tout à fait évolutif et je peux le mettre à jour au gré de vs questions et commentaires.

À très vite !

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