Rien ne sert de courir…
(mais ça fait quand même avancer plus vite et c'est pas drôle de prendre du retard...)
Depuis quelques semaines, ma main droite me fait défaut. Après plus de 10 ans d’activité, il est déjà miraculeux que j’ai tant tricoté et passé d’heures devant l’ordinateur sans subir de dommages aux tendons ou articulations, mais ça y est, la fête est finie.
Au delà de la mouise du point de vue professionnel et je vais vous épargner mes jérémiades sur ce sujet, j’expérimente un terrible sentiment de frustration. Je ne peux quasiment plus tricoter sans avoir les jours qui suivent l’articulation violette, enflée, faible et douloureuse. Il m’est quasiment impossible d’écrire ou dessiner avec un stylo. Je passe pour à peu près tout ce que je fais (même pour écrire ici sur le blog) par l’écriture manuscrite, me voilà frustrée de la main comme du cerveau.
Je me permets quelques rangs dans l’optique de ma reprise du tricot : je suis en train d’étudier toutes les manières de tricoter qui ne mobiliseraient pas autant l’articulation défaillante. Je suis une indécrottable tricoteuse « à l’anglaise ». C’est à dire que je tiens mon fil dans la main droite, et je passe mon fil avec l’index sans jamais lâcher mes aiguilles. Ce geste est tellement naturel pour moi que j’ai la main droite un peu déformée en position tricot. Je tricote parfois, pour le jacquard par exemple, avec un fil dans chaque main, mais c’est vraiment ce geste de la main droite qui me procure le plaisir de tricoter, et c’est aussi celui qui me cause cette inflammation.
Si vous vous demandez ce qu’est le tricot à l’anglaise
Si vous vous demandez ce qu’est le tricot à la continentale
Pour le moment il faudrait que je laisse complètement ma main au repos, mais par la suite, quand je pourrai reprendre, je vais devoir varier un peu les techniques. Je n’aime pas tricoter à la continentale (fil dans la main gauche). C’est certes rapide et pratique, mais je m’ennuie : on ne bouge pas assez les doigts. Je suis, comme disent les anglo-saxons, une « thrower » (de « to throw », « jeter », qui jette le fil autour de l’aiguille, comme dans la méthode dite à l’anglaise) et pas du tout une « picker »(de « to pick up», « ramasser », qui attrape le fil avec son aiguille, comme dans la méthode dite à la continentale).
J’ai pour le moment trouvé 2 façons qui, certes, ne me font pas autant plaisir que ma bonne vieille méthode mais que je pense pouvoir apprivoiser au fil du temps.
J’ai trouvé une bidouille avec un mélange de tricot à l’anglaise et de méthode dite « lever knitting », en enroulant le fil de façon pas très organisée autour de presque tous les doigts de ma main droite, ainsi ficelée elle ne peut plus bouger et j’ai moins la tentation et le réflexe de lever l’index comme une vieille Lady lève le petit doigt de manière automatique en buvant son thé. Je suis donc obligée de lâcher complètement l’aiguille droite qui tient très bien toute seule pour passer le fil, mais ma main droite est complètement statique, c’est mon bras qui avance et c’est ma main gauche qui fait tout le travail de précision. Je suis un peu moins performante, mais ça avance quand même et c’est ce que j’ai trouvé de plus ressemblant à ma façon naturelle de tricoter.
La video sur le sujet du lever knitting qui m’a le plus parlé, la dame est tout comme moi !
Je me suis mise aussi à la méthode dite « portugaise ». Je passe le fil autour de mon cou, et c’est le pouce gauche qui passe le fil. Je crois que cette manière de tricoter mobilise un peu plus que la précédente l’articulation de mon doigt malade, pour le moment je n’arrive pas à garder la main droite immobile type main de Barbie comme j’arrive à le faire avec la méthode précédente. J'ai bricolé une espèce de guide avec un trombone et une épingle à nourrice pour tricoter avec l'attelle comme vous pouvez le voir sur la photo qui illustre l'article mais ce n'est pas idéal. Cette façon de faire a quand même une vertu, elle est complètement exotique et nouvelle pour moi et me permet de réapprendre ce qui était si naturel avec le fil dans la main droite et ce n’est pas désagréable. Je pense que c’est une façon de tricoter qui une fois maitrisée permet d’aller très vite, même si quand on fait du tricot il ne faut pas être pressé (ça c'est ce qu'on dit quand c'est pas notre métier).
Ça me semble aussi pas mal pour tricoter du jacquard, j’ai hâte de pouvoir mieux explorer sans douleurs cette nouvelle contrée qu’est pour moi le tricot portugais.
J’ai commencé un tableau Pinterest pour regrouper les videos utiles pour apprendre cette méthode
J’essaie de tirer partie de cette mauvaise passe et je crois qu’il va falloir que j’apprenne à accepter d’être plus lente et à faire plus de pauses. C’est frustrant et ça n’arrange pas mes affaires d’autant que j’ai un tout nouveau bureau, une pièce à moi optimisée pour faire plein de choses dont des vidéos et des cours en visio sans avoir à mobiliser et transformer le salon en studio France Télévision.
Comme vous, vous pouvez tricoter à qui mieux mieux, je vous rappelle que vous avez jusqu’à lundi soir le 30 pour vous inscrire au Bac Tricot !
Et je glisse ici, on ne sait jamais, sur les recommandations d’une lectrice, l’annonce de l’entreprise Mohair du Pays de Corlay, qui cherche repreneur pour son cheptel de chèvres angora et son activité : c’est par ici !
Je vous souhaite une très bonne journée!
Cet article a été périlleusement tapé sans brouillon manuscrit préalable, avec tous les doigts de la main gauche et le pouce droit.