Japan’s got talent, le Japon a des doigts de fée Japan’s got talent : Japan has « doigts de fée »

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Ce qui s’est passé à Fujiyoshida, la suite. Le lendemain de mon arrivée, Noguchi San notre colocataire à FIMG_0906uji qui sait faire des tas de choses de ses 10 doigts, m’a emmenée dans son jardin où elle cultive du coton, des légumes et de la vergerette. C’est quoi la vergerette? C’est une herbacée qui donne des petites fleurs qui ressemblent à des pâquerettes et qui a des propriétés tinctoriales. On en a cueilli quelques brassées et Noguchi San m’a montré comment teindre de la laine avec. The day after we landed in Japan, Noguchi San, our roommate in Fujiyoshida who knows how to do lots of things with her 10 fingers, took me for a walk in her garden where she grows cotton, vegetables and erigeron. Erigeron, what is it? It is an herbaceous plant giving little flowers that look a bit like daisies, and that have dyeing properties. We picked up a wealth of flowers, and Noguchi San showed me how to dye yarn with it.

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On a coupé et fait bouillir les fleurs avec leurs tiges puis filtré l’eau. Ensuite on a cuit la laine qui ressemblait à des ramen dans l’eau des fleurs, ensuite j’ai du partir à Tokyo donc je n’ai pas vu la fin mais elle m’a raconté. En gros, elle a trempé rincé trempé rincé un tas de fois dans un mélange d’eau et d’acide citrique pour fixer la couleur, et quand je suis revenue de mon périple à Tokyo la laine était toute jaune (beaucoup plus que ce que la photo veut bien révéler).

We cut and made boil the flowers with their stems then we filtered the water. Then we cooked the yarn that really looked like ramen noodles in the water from the flowers, and then I had to leave for Tokyo so I didn’t see the end but she told me the process. Roughly speaking, she soaked rinsed soaked rinsed many times in water and citric acid to fix the color and when I went back from my Tokyo journey yarn was all yellow (more than what the pictures reveals).

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Le soir, elle nous a montré comment elle file le coton avec ce fuseau qu’elle a fabriqué. Je ne saurais pas vous donner une leçon de filage :  en théorie c’est plutôt simple mais en pratique je n’ai pas encore réussi à faire un joli fil et je trouve que ça fait assez mal à l’épaule de tenir un bras en l’air. J’ai du mal m’y prendre puisque Noguchi San a déjà filé de quoi se faire tout un gilet (je pense que je vais aller prendre des leçons chez mon ami Enrico Castronovo).

On the evening she showed us how to spin cotton with this spindle she made. I wouldn’t be able to give you a spinning lesson : in the theory it’s quite easy but I couldn’t make a satisfying thread and I found that it’s uncomfortable to keep my arm up. I think I didn’t manage it very well because Noguchi San already spinned enough yarn to knit herself a jacket (I’ll take a class at my friend Enrico Castronovo).

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Tout ça pour dire que la fan de livres d’artisanat japonais grosse acheteuse chez Junkudo Paris que je suis a eu la chance d’atterrir dans le Japon qu’elle fantasmait et qu’elle n’aurait même pas espéré voir.

All that story to say that the huge fan of Japanese crafts book and good client at Junkudo Paris that I am had the luck to land in the Japan she fantasized about, and the Japan she didn’t even wish she could see. 

C’est sûrement parce que c’est un pays très ancré dans ses traditions et probablement qu’il y a un peu du fait que c’est un pays en perpétuelle reconstruction avec tous les rafistolages que ça implique, que le « faire avec ses mains » et même le « bien faire avec ses mains » a l’air de rester une problématique contemporaine. D’ailleurs les enfants -filles et garçons- apprennent à l’école un peu de couture, un peu de cuisine,un peu de bricolage… Dans les magasins il faut voir le temps et le soin que mettent les vendeurs à emballer les achats.

It surely is because it is a country rooted in it’s traditions and probably a bit because it is a country in perpetual reconstruction with all the patch up it involves, that the « make with the hands » and even the « well make with the hands » seems to keep being a contemporary issue. Moreover, children at school learn at school origami for sure, but also a bit of sewing, a bit of cooking, a bit of handiwork… In the shops, one should see the time and the attention sellers take to pack your purchases.

J’ai ressenti là bas (peut être que je me trompe et que je ne vois ça qu’avec mes yeux de française) qu’il n’y a pas le même rapport au temps et par conséquent aux actions comme les tâches domestiques ou l’artisanat que chez nous. Les temps de trajet dans la vie de tous les jours m’ont paru globalement plus longs qu’ici, on passe beaucoup de temps à préparer les repas, à faire la vaisselle de la dizaine de tout petits plats qu’on utilise… j’ai pu observer dans un ryokan les étapes de maquillage de deux jeunes filles je n’avais jamais vu ça de ma vie.

In Japan I felt (maybe I’m wrong and I only see things through my French eyes) that the connection to time is different therefore the connection to things like household chores or crafts is different. The time people spend in everyday life journeys seemed longer to me, people spend more time cooking, dishwashing all the tiny little platters they use… I had the chance to observe two young girls putting on their make up in a ryokan I had never seen that… so many steps !

J’ai eu cette impression que là bas on mettait du sens dans ses gestes et dans ses actions et que c’est aussi pour ça qu’on prend le temps. Ca m’a interpelé parce que deux des choses à laquelle je pense souvent depuis que je fais le travail que je fais, c’est justement de une le rapport au temps et de deux : mais pourquoi je fais ça. Je compte souvent le temps qui passe en pulls, et quand je tricote je me sens comme dans une bulle hors de cette contrainte temps (je peux lever le nez et me rendre compte que ça fait 5h que je travaille) au sein de laquelle je peux rêvasser dans un état second. Plein de gens n’ont pas la patience de se mettre au tricot parce que c’est chronophage or pour moi c’est justement là que se situe toute la poésie du truc. Quant à savoir pourquoi je fais ça, pourquoi ça fait sens pour moi, je n’ai pas encore complètement répondu à la question mais je sais que j’aime perpétrer ce geste qui n’a pas changé depuis le début du tricot. Ca me donne l’impression de faire partie de la communauté des millions de gens qui ont eu depuis des siècles (des millénaires même) et qui ont encore partout dans le monde le même plaisir que moi à faire ça et si vous le pratiquez vous savez que c’est un plaisir un peu spécial le tricot.

In Japan I felt that people put sense in their acts actions and therefore they take time. That questioned me because two of the things I think about a lot since I do this job, are first my relation to time and secondly : but why am I doing that. I often count time going by in sweater, and when I knit I feel like I’m in a bubble independant from this time constraint (I can wake up and realize I’ve been knitting for 5 hours) in which I can daydream in a kind of a daze. Regarding on why I do that, why it makes sens to me, I still didn’t completely answer the question but I know that I love to perpetrate this gesture  that haven’t change since the beginnings of hand knitting. It gives me the impression to be a part of the community of the millions of people who had for centuries (even millenia) and who still have everywhere in the world the same pleasure I have doing this and if you are a knitter, you know that knitting is a special pleasure.

En souvenir de Noguchi San et son coton, je vous laisse avec une petite légende d’Auvergne (c’est de là que j’écris ces quelques lignes) mettant en scène une bergère, son fuseau et un loup au pelage d’or. Ca sonne bien non? (Ce n’est pas de moi j’ai plus ou moins fait un copier coller depuis un site sur l'Auvergne ). Et si quelqu’un a une lecture à me conseiller sur le Japonais et le temps qui passe, vous l’aurez compris ça m’intéresse.

To remember Noguchi San and her cotton, I leave you with a little tale from Auvergne (this is where I am writing now) involving a young shepherdess, her spindle and a golden fur wolf. Sounds good isn’t it? If someone has an advice for a book about Japan and its relation to time, I could be interested! 

Le loup de Courlande...

Mystérieuses et sinistres, des forêts touffues et sauvages s’étendaient aussi loin que portait la vue sur les monts d’Auvergne. Chassés depuis toujours par les envahisseurs, Sarrazins, Normands, les hommes de ce temps là vivaient de l’élevage d’une poignée de chèvres et de moutons. La vie était rude, à l’image du climat. Personne jamais ne se risquait dans les sous-bois obscurs. Peuplés d’animaux sauvages, ces futaies impénétrables étaient le domaine des loups.

Le conte se déroule dans un hameau sous le Roc de Courlande, oublié au fil des siècles, recouvert par la végétation. Fiché dans le sol comme une grosse dent dans la gencive, ce mont est le mont élevé des Dores; il se dresse un peu en contrebas de la chaîne de montagnes. Il n’y avait là que quelques chaumières. L’une des maisons était celle de Raoul, le père de la petite Tiennette la plus jeune de ses enfants mais la plus rusée et audacieuse.

L’hiver arrivait vite pendant cinq mois jusqu’en avril parfois, les rafales de neiges balayaient tout. Mais le pire l’hiver, tout au long de l’hiver, c’étaient les loups. Lorsque, dans les tourbillons de neige, leurs hurlements tout proches déchiraient la nuit, les cœurs se glaçaient d’épouvante. Barricadées dans leur appentis, les brebis bêlaient d’effroi. La meute de loup féroce était menée par un loup hors du commun. Bête colossale, au poitrail large et bien fourré, aux pattes énormes et velues, à la queue touffue comme d’un renard, au mufle puissant, aux yeux jaunes flamboyants et pleins de ruse cruelle. Un soir d’été un paysan avait aperçu une bête tapie dans le sous-bois à la fourrure luisante d’une couleur singulière : un loup couleur d’or ! Un loup de cette taille, et tout doré ! Sûr, c’est là quelque diablerie !

Un matin, vers la fin de l’automne, Tiennette partit comme chaque jour avec ses brebis et sa quenouille. Elle gagna la pâture et commença à filer. Pour mieux surveiller ses bêtes, Tiennette s’était installée tout près des arbres de bordure. Soudain, les brebis s’enfuyèrent en tous sens avec des bêlements affolés. La fillette courut derrière son troupeau éparpillé. Elle sentit une présence et se retourna, debout à l’orée du bois, énorme et splendide se trouvait le loup au pelage d’or. Le monstre ne voulut faire qu’une bouchée de la fillette au goût sûrement délicat de la viande d’un faon nouveau né. La fillette rapidement rompait le fil qui attachait le fuseau et pris dans ses mains la belle pelote déjà réalisée et en enroula une partie autour de son bras. - Eh bien, cria t'elle d’une voix qui ne tremblait pas, qu’est-ce-que tu attends, Loup, pour me dévorer ? Allons, approche, je n’ai pas peur de toi, Tu n’es qu’un grand chien jaune ! Sûr de lui, il se rapprocha, ouvrit sa gueule immense et bondit sur la fillette. Celle-ci lança de toutes ses forces la pelote de laine dans la gueule du loup d’où dépassait un peu la pointe du fuseau qui se coinça dans le gosier de la bête. Le loup se secoua et se démena comme un diable, il tentait de se racler la gorge, et tentait d’arracher la pelote diabolique qui l’étouffait. La jeune fille suivait les secousses du loup par le fil attaché à son poignet. Le loup épuisé s’allongea dans l’herbe, il se voyait déjà mort succombant aux fourches des fermiers alertés par les cris de la fillette.

Tiennette n’alerta personne. Elle dit au loup : - Loup de Courlande, je te laisserai la vie sauve si tu me jures que ta meute et toi, été comme hiver, ne sortirez plus des forêts. Le loup vaincu inclina la tête pour dire oui.

- Si tu t’en dédis, ajouta Tiennette, la prochaine pelote avalée signera ton arrêt de mort, préviens tes frères, tu ne te sauveras pas deux fois.

Elle s’approcha du fauve, plongea la lame d’un couteau dans la pelote et la retira d’un coup sec. La bête s’éloigna tête basse.

Depuis lors, les loups restèrent en forêt, Tiennette admirée de tous vécut longtemps au pied de ses montagnes et l’herbe d’automne sur l’échine du Roc de Courlande prit des reflets d’or, il raconte encore l’histoire de la fillette triomphante du monstre…

The wolf of Courlande (I really apologize for my bad translation)

In the wild, dense and sinister forests of Auvergne, life was hard. Nobody dared to go in the woods that were the areas of the wolves.

This story takes place in a hamlet down the Roc of Courlande now forgotten and covered with vegetation. The Roc was like a big tooth in a gum. One of the house in this hamlet was Raoul’s house, the father of the little Tiennette, the younger of his children but also the smarter.

A morning at the end of the autumn, Tiennette went like she did everyday to the pasture with her sheep and her spindle. Suddenly the sheep ran around bleating. The little girl felt a presence behind her, turned over and saw a splendid and huge golden furred wolf. The monster wanted to eat the little girl that would taste like a new born fawn. The girl quickly cut the yarn that attached the spindle and took in her hand the ball she already made and rolled a part of this ball around her arm. She screamed : - hey wolf! Why don’t you eat me ? Come on I am not afraid of you! You are just a big yellow dog. The wolf approached, opened his mouth and leaped on the girl. She threw with full force the ball and the spindle in the mouth of the animal that ended planted in his throat. Th wolf tried to shake but the girl had the thread in her hands. The wolf at the end went down lying on the grass waiting for the girl screaming to the farmers to kill him. But Tiennette never screamed. She told him : - wolf, I let you live if you swear that you and your pack will never go out of the forest again. The wolf moved his head to say yes. - if you lie, the next yarn ball will kill you. You wont be saved twice. She went close to the animal, took back the ball with a knife and the wolf moved away. Since that time, the wolves stay in the forest and in the autumn the grass on the Roc becomes golden to remember Tiennette and her golden wolf.