Jeu du samedi 02 septembre
Bonjour et bravo pour toutes vos belles réponses à la question de samedi dernier ! Voici une petite explication :
Pendant les 2 premiers tiers du XVIIIe siècle, l’art de produire des belles laines, loin d’être le fort des Français dont l’élevage ovin pas très organisé est plutôt destiné à la viande et aux produits laitiers, est parfaitement maîtrisé par nos voisins Anglais et Espagnols. Souhaitant garder jalousement le monopole de cette matière première cruciale, ces deux pays interdisent d’ailleurs l’exportation des béliers.
En pleine époque des Lumières et du développement des sciences et de l’industrie, on commence en France à se rendre compte de l’importance de la qualité des toisons jusqu’alors importées et si nécessaires à la fabrication du drap de laine qui représente 1/3 de la production industrielle de notre pays. Un usage de ces draps s’est nettement développé dans un contexte politique compliqué : la fabrication d’uniformes pour les armées.
Vers le milieu du siècle, l’Académie des sciences s’empare donc de la question de la qualité de la laine française et commence à élaborer un projet de transformation de l’élevage ovin afin d’améliorer son potentiel. Les premières écoles vétérinaires sont créées et on commence tout un travail sur la sélection animale par la reproduction et le mode d’élevage. Jusqu’ici, la bergerie fermée était plébiscitée afin de protéger les bêtes du loup et du froid. Mais cette pratique n’étant pas favorable du tout à la pousse de belles toisons, les experts tranchent en faveur d'un système de parcs ambulants complètement en rupture avec ce qui se faisait avant. Les cheptels sont ainsi dehors profitant des bienfaits de l’air frais et fertilisant avec leurs crottes les sols assez longtemps pour leur faire du bien, mais pas trop pour ne pas les abîmer.
Le domaine de Rambouillet est choisi comme laboratoire d’expérimentation et le 12 octobre 1786, 366 moutons mérinos, offerts à la France par le Royaume d’Espagne comme signe de bonne entente dans un contexte européen très tendu, débarquent à la bergerie. Il n’ont pas fière allure après 5 mois de voyage… Ils sont galeux et fatigués, mais les bons soins des 5 bergers castillans qui les accompagnaient les ont remis sur pied.
Bien chouchouté, ce troupeau est devenu un trésor national préservé depuis 250 ans. Il n’a connu aucun croisement jusqu’à ce jour et sa qualité est encore aujourd’hui reconnue dans le monde entier.
Le poème que je vous ai soumis vante donc la pratique des parcs ambulants donc vous pouvez voir l’illustration sur l’image qui accompagne l’article.
L’histoire du troupeau de Rambouillet et de la mérinisation est bien plus longue et complète que ça et si le sujet vous intéresse, commandez pour Noël le livre « La guerre des moutons ». C’est le catalogue d’une magnifique expo qui s’est tenue l’an passé aux Archives, que je n’ai pas pu voir, j’ai heureusement trouvé l’ouvrage chez mon libraire.
Bravo à Flora MailleSwallow pour tes recherches et ta réponse complète ! Tu peux m’envoyer un petit mail avec le patron de ton choix !
Il est temps de vous poser une nouvelle question :
Nous sommes en Norvège au XVIIe siècle. Pouvez-vous m’en dire plus sur ces chemises ? Elles ont une fonction et une histoire bien particulières !
Comme la semaine passée, je viendrai de temps en temps dans le commentaires vous dire si vous chauffez et je désignerai la gagnante parmi les bonnes réponses !
Bonne chance et à demain pour le « Lu, vu et entendu » de la semaine,
Alice